Nous étions une trentaine d’amis, réunis par nos origines ou nos bases basques, à se retrouver pour une escapade dans une autre belle région - magnifique, devrais-je dire - la Toscane.
Parmi les vingt régions italiennes, elle est sans doute la plus célèbre, la plus élégante ou la plus rêvée. Berceau de la Renaissance et de l’humanisme, et a accueilli entre autres Petrarque, Machiavel ou Catherine de Médicis. On peut y voir des œuvres de ses enfants illustres parmi lesquels Fra Angelico, Botticelli, Michel-Ange, Léonard de Vinci, sans parler de son hôte célèbre qui a, lui-même et sa famille, marqué le territoire : l’Empereur.
C’est grâce à l’initiative de Guiral de Raffin et de l’APJA que nous avons pu bénéficier pendant trois jours et demi d’un riche programme d’activités et surtout d’accès privilégiés concoctés par Armand de Foucault. Seule petit ombre au tableau, la météo. Pluie ininterrompue le premier jour et intermittente le second, ce qui nous a fait d’autant plus apprécier le soleil du troisième jour. En principe centré sur les jardins, ce voyage a fait la part belle aux magnifiques palais de la Toscane, car les propriétés toscanes sont constituées autour des demeures et pour elles.
À peine arrivés, nous passons la soirée à la Villa Oliva à Lucques, ancienne propriété de la famille Buonvisi. Elle est entourée d’un grand parc avec sculptures végétales et fontaines. Nous avons eu le privilège d’un dîner chic, sur une terrasse couverte par cinq arches ouvertes sur un demi-cercle de haies de chênes verts.. Nous étions immédiatement plongés dans l’élégance et la beauté toscanes.
Le lendemain, nous commençons une journée pluvieuse par la visite de la villa Grabau datant du XVIe siècle. Grand parc aux arbres séculaires organisé en différentes zones indépendantes les unes des autres, remarquable par un ensemble de pots de citronniers d’espèces différentes, justifiant la présence d’une orangerie magnifique. Nous terminons par une rapide visite de la demeure avec des splendides tentures vert pâle en trompe-l’œil. Puis nous poursuivons avec la villa Torrigiani datant du XVIe siècle, dont la spécificité vient de sa façade baroque, luxuriante et rehaussée de multiples statues. Le clou du parc et constitué d’un petit jardin encaissé datant de près de cinq cents ans, dénommé Jardin de Flore, accessible par un escalier qui enveloppe une grotte artificielle avec statues, fontaines et passage souterrain. L’intérieur de la villa est remarquable par ses magnifiques plafonds peints.
Puis nous dégustons un délicieux déjeuner italien à la Fattoria Il Poggio, restaurant touristique d’une efficacité et d’une organisation quasi industrielles. Bien requinqués, nous plongeons pour la première fois dans l’univers napoléonien de la Toscane, en visitant la villa Real de Marlia (en souvenir de la ville de Marly en France). Après avoir connu de nombreux propriétaires, le domaine doit largement son caractère à Elisa Bonaparte, princesse de Lucques, sœur de Napoléon, qui en fît l’acquisition en 1806. Dotée d’un caractère capricieux et exigeant, elle fait abattre en une nuit par les soldats impériaux tous les arbres devant la villa pour retrouver la perspective originelle du parc, et oblige son voisin d’archevêque à lui céder sa résidence située à côté de la villa Real afin que le domaine atteigne une taille comparable à celle d’autres châteaux européens. Pour finir la journée, petite escapade (toujours pluvieuse) dans les rues anciennes de Lucques, ceinte de ses remparts avec sa fameuse place ovale.
Le soir nous fûmes reçus par le propriétaire de la villa de l’Evêque, dite Pietro Marchi, pour une soirée élégante, entouré de ses amis, y compris le supérieur de Saint-Louis des Français à Rome, Monseigneur Laurent Bréguet.
Le deuxième jour était consacré à Florence, avec la visite du Palais Gondi où nous eûmes le privilège d’être reçus par la Marquise Victoria Gondi elle-même, descendante des bâtisseurs du palais, il y a plus de cinq cents ans. Situé en plein cœur de Florence à côté du palais des Médicis, le bâtiment offre une vue imprenable et unique de ses terrasses, où nous pûmes déguster le vin pétillant Gondi, du nom de la maison. Ensuite, second repas, comme le notait Armand, à la villa La Massa, bâtiment plein de charme et d’élégance le long de l’Arno, entouré d’un jardin couvert d’iris. Enfin pour finir la journée, visite de la villa La Pietra, domaine de 23 hectares appartenant à l’université de New York grâce au legs de l’écrivain Arthur Acton, qui a réussi à protéger cet immense domaine de l’urbanisation de la ville de Florence. Nous avons été guidés dans le jardin à l’italienne orné de multiples statues et terrasses en gradin par le jardinier en chef, dont la nationalité britannique est une condition posée par les statuts de la villa.
Troisième jour, en route vers l’étape napoléonienne du séjour pour une escapade sur l’île d’Elbe. Pour atteindre le gros ferry qui assure la traversée au départ de Piombino, nous parcourons les magnifiques paysages toscans parsemés de rangées de pins parasol ou de cyprès. Une fois sur l’île, nous imaginons les trois cents jours d’exil que l’empereur a passés sur ce qui était devenu pour lui une principauté. Les deux villas occupées par Napoléon, la villa Del Mulini et la villa San Martino, sont des maisons simples sans grands espaces, plutôt sévères. Leur principal atout réside dans leur point de vue magnifique sur la côte et la Méditerranée. Mais on comprend que l’empereur n’ait pu s’en contenter et se soit lancé dans l’épisode des Cent jours.
Et nous finissons la journée par un moment d’exception en visitant, sous la conduite pleine d’esprit du comte Della Gherardesca, son château de Castagnetto Carducci. Un véritable musée d’œuvres d’art accumulées depuis huit cents ans dans un lieu surmontant la splendide côte toscane. Un cocktail dînatoire, servi dans une grande salle voutée, a été le point d’orgue de ce séjour amical, d’une grande beauté historique, et qui a totalement confirmé la phrase de Sacha Guitry : « Le luxe est une affaire d’argent, l’élégance est une question d’éducation. »
Etienne Giros
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Depuis 2004, le label « Jardin remarquable » distingue des jardins et des parcs présentant un intérêt culturel, esthétique, historique ou botanique, qu'ils soient publics ou privés, protégés ou non au titre des monuments ou des sites historiques. C’est donc un formidable outil de promotion et de valorisation des plus beaux jardins français ouverts au public. Ce label national de qualité est attribué par le ministère chargé de la Culture pour une durée de 5 ans renouvelable.
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